Frelon oriental : progression de l’invasion et impacts
Détecté fin 2021 dans l’agglomération de Marseille, le frelon oriental, Vespa orientalis, a été détecté dans deux nouveaux départements en 2023.
La détection des premiers individus butinant des fleurs de lierre fin septembre 2021 à Marseille (Gereys et al., 2021) avait permis la destruction de deux nids (Rome & Gayral, 2021). Un réseau de surveillance avait alors été mis en place par le GDSA13. En septembre 2022, des ouvrières sont observées en prédation sur deux ruchers de Plan de Cuques, au Nord de Marseille et à quelques kilomètres plus à l’ouest. Nous avions pu nous déplacer, avec Sophie Pointeau (ITSAP), afin d’équiper ces frelons de balises radio (Kennedy et al., 2018). Un nouveau nid a ainsi pu être détruit à Plan de Cuques, dans le mur d’un bâtiment en cours de destruction. Aucun nouveau frelon n’a hélas été observé sur l’autre rucher, rendant impossible la recherche du nid. Les semaines suivantes, deux nouvelles observations d’ouvrières en prédation sur ruchers à 5 et 7 km de là, confirmait la présence d’au moins deux autres nids dans l’agglomération marseillaise.
Les observations que nous avons pu effectuer au rucher, semblent confirmer que ce proche cousin de Vespa crabro, le frelon d’Europe (Perrard et al., 2015), aurait un mode de prédation similaire. Il ne réalise pas de vol stationnaire constant, dos à la ruche, comme Vespa velutina, méthode qui stresse considérablement les abeilles. Tout comme pour V. crabro, nous n’avons observé que des frelons volants entre les ruches, attrapant des abeilles posées sur la planche d’envol, et ne s’attardant pas si aucune abeille ne se montre. Il est probable que ce frelon ne chasse pas non plus préférentiellement les abeilles, et n’occasionne des dégâts que lorsqu’il attaque en masse les ruchers, généralement à la fin de son cycle de vie, probablement par manque d’autres sources abondantes de proies.
Par arrêté du 2 mars 2023 (Code de l’environnement 2023), le frelon oriental est ajouté à l’annexe II des espèces exotiques envahissante de France hexagonale. Pourtant, son impact sur l’environnement ou les activités humaines ne sont pas connus, tout comme son origine. En effet il semble probable que cette espèce native dans le Sud de l’Europe soit en expansion naturelle vers le Nord à cause du réchauffement climatique. Ceci semble se confirmer en 2023. La sensibilisation plus forte de la communauté naturaliste de notre programme de science participative INPN Espèces (PatriNat, 2023) a permis de confirmer la présence du frelon oriental dans deux nouveaux départements, le Var et les Alpes-Maritimes. Six observations sur huit ont été réalisées en dehors d’un rucher. Nous avons donc des preuves de présence de l’espèce tous les 100 à 200 km, depuis la Calabre, où elle est native, jusqu’à Marseille.
La lutte n’est pas la même s’il s’agit d’éradiquer une population isolée ou si l’on a à faire, comme probablement ici, à une expansion vers le Nord de l’aire de distribution de l’espèce. L’impact du frelon oriental sur l’apiculture commence juste à se faire sentir dans le Sud de l’Italie (Power et al., 2023), où l’espèce était présente historiquement, mais en plus faible densité. Il reste à évaluer les potentialités d’expansion de l’espèce sous scénario de réchauffement climatique, afin d’évaluer les risques pour la France. Pour le moment, l’espèce reste en très faible densité avec un impact quasi nul sur l’apiculture, mais il est certain que nous devrons apprendre à gérer cette espèce à moyen terme.
Il est important de signaler vos observations via une quête dédiée sur notre application pour smartphone INPN Espèces et à votre GDSA.