Le frelon d’Europe détecté en Martinique
Un frelon d’Europe, Vespa crabro, a été identifié pour la première fois en Martinique par un apiculteur. L’insecte a été retrouvé mort début février 2017 à proximité de son rucher.
Il s’agit d’une ouvrière (très sombre) de la sous-espèce Vespa crabro germana communément présente en France métropolitaine et dans l’ouest de l’Europe (sauf Grande-Bretagne). Le frelon d’Europe est établi en Amérique du Nord (USA et Canada ; Shaw et Weidhaas, 1956) où il avait été introduit à la fin du XIXe siècle et a été récemment détecté au Mexique et au Guatemala (Landolt et al., 2010 ; Beggs et al., 2011).
Les femelles sexuées (futures reines potentielles) passent l’hiver à l’abri des intempéries dans des cavités, des tas de bois, sous des souches, des pots de fleurs… Ce sont elles qui sont généralement transportées accidentellement. Quand les températures deviennent plus clémentes, elles sortent de leur léthargie et fondent toutes seules une colonie. Les nids sont construits dans des cavités naturelles (arbres creux, anciens terriers…) ou artificielles (cheminées, faux plafonds, combles…). Les plus gros nids peuvent contenir plusieurs centaines d’individus.
Le frelon d’Europe, au contraire du frelon à pattes jaunes (Vespa velutina) en provenance d’Asie, n’est qu’un prédateur occasionnel des abeilles sociales et ne représente pas un risque majeur pour la santé des colonies dans les pays dans lesquels il est présent. Il est cependant difficile de prévoir quel pourrait être l’impact de son introduction dans un nouvel écosystème comme la Martinique.
Il est également difficile à ce stade de savoir s’il s’agit d’un individu erratique introduit accidentellement sur l’île ou le témoin d’une installation récente de l’espèce. Des piégeages ciblés (bouteille en plastique coupée en entonnoir avec un appât à base de bière, de vinaigre, de sirop de fruit et un peu d’alcool fort) ainsi que des observations autour des ruches, des zones de butinage et des lumières artificielles la nuit, permettront de répondre à cette question. La DEAL de Martinique a chargé la FREDON Martinique de mettre en place ce réseau de détection. N’hésitez pas à les contacter si vous pensez en avoir observé. Cet insecte pouvant être agressif lorsqu’il sent son nid menacé, gardez une distance de sécurité de plus de 5 m et n’essayez pas de le détruire vous-même.
Philippe Reynaud (Anses, Laboratoire de santé des végétaux, Montpellier),
Rémi Picard (Fredon Martinique),
Quentin Rome (MNHN — INPN)
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