Plan national de lutte des OVS 2024
Les fédération des organismes à vocation sanitaire (OVS), GDS France et FREDON France, viennent de publier leur plan national de lutte contre le frelon asiatique à pattes jaunes. Ses objectifs sont la protection des ruchers, des populations et de la biodiversité.
En fonction de la densité en colonies de frelons et surtout de l’intensité de la prédation pendant l’été, les mesures recommandées seront à adapter :
- Les méthodes permettant de réduire le stress des abeilles (muselières) et de diminuer la prédation (harpe électrique, piégeage) sont à favoriser dans tous les cas.
- Le piégeage de printemps n’est recommandé qu’en cas d’intensités de prédation/densités de colonies moyennes à fortes à proximité des ruchers qui ont connus des pertes.
Les modèles de pièges les moins dommageables à la biodiversité, mais plus couteux, sont à favoriser (ITSAP, 2023). - Plus la densité en nid est élevée, plus la destruction des nids du printemps à l’automne devrait se limiter à ceux présentant un danger pour le public.
Si vous piégez, merci de suivre ces recommandations :
- proscrire les pièges cloches ou bouteilles, car leur sélectivité est particulièrement mauvaise, même avec des adaptations. Favorisez les pièges dits « japonais », « coréen à ailes », « boite à cônes et grilles » qui permettent à plus d’insectes d’en sortir (ITSAP, 2023).
- privilégier un maillage régulier (tous les 350 m) à moins d’1 km de ruchers qui ont subi des pertes l’année précédente (ITSAP, 2021).
- surtout, vérifier régulièrement le contenu de vos pièges pour les retirer si vous observez trop de captures d’autres espèces (même de très petite taille).
- ne pas placer les pièges à proximité de fleurs ou d’arbres attirant une grande quantité et diversité d’insectes pollinisateurs. Leur sélectivité et leur impact sur l’environnement n’en seront que plus mauvais.
Les pièges ne sont pas sélectifs. Ceux recommandés dans le plan de lutte montrent une sélectivité plus satisfaisante, mais à surveiller et à limiter dans l’espace et le temps. Les campagnes massives de piégeage pourraient avoir un impact négatif sur les insectes et le bon fonctionnement des écosystèmes plus important que celui du frelon lui-même (Rome et al. 2021). Même si des efforts sont faits pour améliorer la sélectivité des pièges, ils fonctionnent aujourd’hui tous sur le même principe : un appât attirant de nombreuses espèces d’insectes combiné à un système les filtrant par leur taille (les gros n’entrent pas, les petits peuvent ressortir). Toutes les études scientifiques concernant le piégeage de printemps contre Vespa velutina, avec des pièges bouteille ou cloche, qu’ils aient des systèmes anti-noyade ou non, ont montré qu’en moyenne plus de 99% des insectes capturés concernaient d’autres espèces (Dauphin & Thomas, 2009 ; Haxaire & Villemant, 2010 ; Rome et al., 2011a ; Goldarazena et al., 2015 ; Rojas-Nossa et al. 2018 ; Rodríguez-Flores et al. 2019 ; 96% Lioy et al. 2020 ; 95% Renoux et al. 2020). Même si les insectes ressortent, le séjour, même court, dans un piège peut avoir un impact sur leur survie ou leur fécondité (excès de chaleur, humidité, etc.). Mieux vaut privilégier des pièges dits « japonais », « coréen à ailes » ou grandes boites grillagées à cônes et avec un appât inaccessible afin de réduire le nombre d’insectes non cibles tués (ITSAP, 2023). Et surtout vérifiez régulièrement le contenu des pièges afin de libérer au plus vite les insectes non cibles piégés voire retirer le piège. Un moucheron, même s’il ressemble aux autres, peut appartenir à une espèce rare.
L’efficacité du piégeage de printemps n’est toujours pas démontrée. Cette espèce produit de très nombreuses femelles fondatrices (plus de 500 par nid ; Rome et al., 2015, et probablement de l’ordre de 1500), et le printemps est la période où la mortalité des fondatrices de frelons comme de guêpes est la plus élevée, en grande partie du fait de la compétition intervenant entre individus d’une même espèce pour l’installation ou la possession d’un nid. Détruire certaines fondatrices à cette période ne ferait alors que laisser la place à d’autres (Cottam, 1948 ; Thomas, 1960 ; Gamboa, 1978 ; Edwards, 1980 ; MacDonald & Matthews, 1981 ; Bunn, 1982 ; Matsuura, 1984 ; Donovan, 1991 ; Archer, 2010 ; Archer, 2012 ; Monceau et al., 2012 ; Rome et al., 2013b). Une évaluation à large échelle de ce piégeage des fondatrices a été financée par le Ministère de l’agriculture et portée par l’ITSAP. L’expérimentation a été menée dans 3 départements (Morbihan, Pyrénées-Atlantiques, Vendée) de 2016 à 2019, mais les analyses complexes sont toujours en cours. Même si des résultats préliminaires peuvent avoir été diffusés, ils sont à prendre avec prudence.